STAGE avec FRANCE SCHOTT-BILLMANN: une réussite!

18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 21:51

Henri Samba était venu avec la nuit un an plus tôt; France Schott-Billmann est arrivée dans l'éclatante lumière de ce 16 février 2013!

Un milieu d’après-midi ensoleillé après un voyage tourmenté dont nous avons chassé la fatigue et le souvenir pesant par une promenade le long du quai Métayer.

France revient d’Haïti où elle a donné des conférences ; elle est intervenue auprès d’enfants nécessiteux ou orphelins dans des centres d’accueil protestants. Elle a retrouvé aussi la trace des origines de la Danse d’Expression Primitive en Haïti, terre natale d’Herns Duplan, et terre d’accueil et de recherche anthropologique de Katherine Dunham.

Elle partage avec nous ses souvenirs tout frais d’enfants sauvés par la pratique artistique, enfants créatifs en dépit de leurs misères quotidiennes. Préoccupée avant tout par l’humain dans toute son incarnation et par la relation directe, elle se lance dans un parrainage des enfants qu’elle a rencontrés, fait danser et pour les plus grands, formés. Nous les découvrons sur les vidéos qu’elle a filmées elle-même en Haïti. Elle nous montre de belles danses traditionnelles en costumes chamarrés. C’était samedi...

Dimanche sonne le grand rendez-vous.

Que venons-nous faire dans cette grande salle un peu fraîche, un dimanche qui plus est. Que cherchons-nous? Qu’est-ce qui nous attire?

Pour celles qui ont déjà travaillé avec France dans le cadre de leur formation à l’Atelier du Geste Rythmé ou à la DRLST (voir les liens dans le menu à droite) – deux associations créées par France pour transmettre la Danse-Thérapie ou promouvoir le lien social par l’Expression Primitive – c’est un retour aux sources. Le désir de réactiver le plaisir de la première fois, de réviser et consolider ses acquis, de réentendre ses contrechants mélodieux, de suivre l’évolution de ses découvertes expérimentales et de consolider sa technique ou sa compréhension des principes scientifiques.

Pour les autres pratiquantes, capter la voix (ou approcher la voie) du Maître plutôt que celle des disciples! Appréhender ce que l’on avait clairement ou confusément ressenti et perçu.

Pour les audacieuses aventurières, les chanceuses, celles qui viennent ‘essayer’ le geste rythmé et chanté pour la première fois, c’est un instinct peut-être qui a parlé ; ce que l'anglais appelle «shock of recognition», un mot, une image, une idée, une représentation qui leur a immédiatement évoqué une activité potentiellement réparatrice, dynamique et joyeuse qui guérirait, même un peu, tout en dansant sans complication.

L’accueil organisé par les adhérentes de PRIM’A CORPS est fluide, chaleureux, convivial… Il participe à créer une communauté, un village.

France arrive… discrète, douce mais quoi qu’elle en dise, impressionnante et majestueuse, une sage parmi les sages. Elle contient plus de ‘monde’ et de danse en elle, et cela se sent.

Elle alterne les temps de parole plus théoriques avec les exercices pratiques (Qu’est-ce que l’Expression Primitive? Quelles en sont les origines? Les fondements scientifiques? Comment France progresse-t-elle dans ses champs d’application et sa transmission?).

Par exemple : déconstruire une chanson traditionnelle ou populaire connue de tous, la simplifier pour la rythmer en binaire sur 4 temps en frappant dans les mains, puis en y ajoutant un déplacement calqué sur la respiration, puis en proposant une gestuelle abordable par tous et agréable à répéter encore et encore ; voire à accélérer. Nous travaillons aussi le rythme et la concentration avec 4 groupes appelés par un meneur (je ne dirai que le mot ‘légumes’… pour éveiller les souvenirs!).

Elle introduit petit à petit l’exigence du STOP, posture figée, statue dans laquelle continuent à circuler l’énergie, la vibration, dans une maîtrise personnelle mais dans l’unisson du groupe. Nous structurons notre espace et prenons conscience de la présence des autres avec des danses libres interrompues par le STOP donné par le djembé pour, en silence, dessiner des figures imposées dans l’espace (Ah, ce sept !). Nous développons notre expression corporelle et le respect du STOP dans quelques «un, deux, trois, Soleil!» mémorables, surtout celui d’Isabelle qui a oublié de se retourner! L’exercice du SERPENT donne de l’autonomie et une responsabilité à chacune à son tour, puisqu’il faut être tête de serpent, proposer une gestuelle et sa mélopée, suivre le rythme, savoir quand céder sa place… Le rôle du percussionniste (bravo, Darry!) s’avère encore une fois primordial car il soutient toutes les ‘têtes’ qui cherchent et se cherchent dans le stress de ce moment de créativité et de défusion.

France poursuit la première partie de ce stage par un échauffement articulaire complet dit ‘échauffement de Katherine Dunham’ qui descend de la tête jusqu’aux pieds. Tous les exercices sont suivis d'une pause structurante pour les échanges. France explique le fonctionnement thérapeutique de l’Expression Primitive notamment par l’efficacité symbolique qui est le propos principal du stage. Toutes ses analyses se retrouvent dans les livres qu’elle a publiés et dont elle a apporté des exemplaires.

Après un repas pris soit sous les rayons du soleil en plein air - vivifiant - soit en comité amical dans la salle (slurp! le p’tit vin de Bernadette, la soupe de butternut; délicieuses, toutes ces quiches; miam! les salades variées et le poulet pané et le saucisson… J’arrête – cela me redonne faim!), nous reprenons les activités : l’après-midi est consacré au ‘RITUEL’, c’est-à-dire le cours-type en Expression Primitive (une mine d’exercices rigoureusement ordonnés: lent / rapide ; petites / grandes articulations…) dans lequel on puise pour adapter sa séance à son public ou à ses patients et qui est dans son essence même une représentation symbolique de l’humanisation (jaillissement de la terre; balancement/bercement, rythme donné par le battement du cœur, le souffle, la marche; la verticalité; la relation à la mère, au père, à soi, aux autres, aux générations passées et futures; l’enracinement; l'en-deça, l'au-delà…). Tous ces aspects fondamentaux peuvent être réactivés symboliquement dans les différentes parties du rituel.

Nous déclinons donc tous les exercices du rituel depuis les bondissements, en passant par les salutations, l’invocation, les grandes articulations, mouvements de taille, sauts, transition vers la partie plus ‘rapide’ puis plié-relevé, « kabbale» (merci, France !) et un « derviche » tortueux signé Mathieu Vié (dis-donc, Mathieu, ça va vite ;-) pendant que Darry multiplie les prises de vue photographiques. Chacune des participantes peut comprendre au travers du choix des situations à mimer et chanter (l'arbre, l’enracinement, l’ours, la libellule…) que la poésie évocatrice des images, la stylisation des gestes, la vocalisation enthousiasmante et le jeu permettent de franchir la barrière des inhibitions. La symbolisation et l’appel du tambour participent au bien-être, à la guérison, en réveillant la pulsion de vie.

France propose une activité ludique et créative en groupes en fin d’après-midi : chaque groupe dispose d’un temps donné pour inventer un quatrain métaphorique rythmé, et le mettre en scène, c’est-à-dire ‘en danse’! Ce fut une excellente façon de conclure le stage dans la bonne humeur et avec l’implication de tous. Votre imagination est sans borne et nous avons ri avec le vieux loup édenté, le printemps frémissant, le jeune dragon qui crache du feu… Je ne les citerai pas tous !

France remet le groupe en cercle pour finir sur des échanges très positifs entre les participantes. Désolée pour la minute d’émotion pas tout à fait contrôlée, en ce qui me concerne… Mais vous avez tous compris combien cette journée était importante pour moi et pour l’avenir de PRIM’A CORPS.

PRIM’A CORPS remercie très sincèrement France pour sa disponibilité, sa rigueur, son ouverture et espère renouveler l’expérience... Toujours partants, Mesdames et pourquoi pas, Messieurs?